3ème lecture pour un chien à ma table qui relie le féminin révolté et la nature saccagée : si notre époque inquiétante semble menacer notre avenir et celui des livres, les poètes des temps de détresse sauvent ce qu’il nous reste d’humanité… un très beau travail littéraire.
Dernière lecture de ce roman que l’équipe s’est appropriée avec des avis différents. « Sans le vouloir, j’avais commis le crime parfait : personne ne m’avait vu venir, à part la victime. La preuve, c’est que je suis toujours en liberté. » C’est dans le hall d’un aéroport que tout a commencé. Il savait que ce serait lui. La victime parfaite. Le coupable désigné d’avance. Il lui a suffi de parler. Et d’attendre que le piège se referme. C’est dans le hall d’un aéroport que tout s’est terminé. De toutes façons, le hasard n’existe pas. Fabuleux pour certains, deviné et banal pour d’autres, mais qui renvoie à bien des comportements…
Il semble que François Mauriac ait mis le meilleur de son art dans cette cruelle peinture d’une famille de hobereaux du Sud-Ouest dont l’héritier, un pauvre homme dégénéré, s’est mésallié en épousant une jeune fille qui n’a pu résister au désir de quitter son milieu bourgeois et de devenir baronne. De cette union mal assortie est né un fils, Guillou. Nous suivons le calvaire de cet enfant, si disgracié physiquement, si sale, si arriéré que sa mère ne l’appelle que « le Sagouin ». Nous le verrons aussi tout près peut-être du salut parce que quelqu’un, l’instituteur du village, le traite en être humain. Victime de la haine de sa mère à qui il ne rappelle que d’odieux souvenirs, victime des préjugés du village, le pauvre Guillou entraînera son faible père dans la tragédie. Cette « sombre et parfaite nouvelle » – le mot est de Robert Kemp – est un récit d’une grande intensité qui évoque un monde de haine et de souffrance avec une remarquable sobriété de moyens et un art achevé.
Pema, jeune tibétaine de 21 ans, étudiante à la Sorbonne, commet l’irréparable. Les quelques jours qui précédent, elle fait de Matthieu son dernier interlocuteur et lui adresse des lettres testamentaires. Elle présente son histoire, celle du Tibet, les raisons et le sens qu’elle entend porter à son acte. Elle exprime sa peur de la mort et offre un manifeste, dérisoire et pathétique. Révoltée, parfois injuste …Elle a 20 ans. Pema se glisse dans nos mémoires, habite notre espace et nous bouleverse jusqu’au fond des tripes : elle crie la soif des Tibétains pour la liberté. Pema est chacune de ces extraordinaires jeunes femmes ukrainiennes, kurdes, iraniennes, syriennes ou ouïghours qui opposent leurs vies aux obscurantismes régressifs de notre temps. Biographie David Farmer a choisi le roman depuis 2018 pour donner de la substance à des questions contemporaines : prise de risque, responsabilité et choix éthique, engagement non-conventionnel, dépassement de soi. Dans ce 3e ouvrage, il avance un peu plus loin, pose et entrelace les questions de la liberté, du sacrifice, de l’oubli et de la découverte de soi. Notre club de lecture félicite cet auteur Quinocéens qui n’a pas la langue de bois et ça nous aimons !
Le blizzard fait rage en Alaska. Au coeur de la tempête, un jeune garçon disparaît. Il n’aura fallu que quelques secondes, le temps de refaire ses lacets, pour que Bess lâche la main de l’enfant et le perde de vue. Elle se lance à sa recherche, suivie de près par les rares habitants de ce bout du monde. Une course effrénée contre la mort s’engage alors, où la destinée de chacun, face aux éléments, se dévoile.
Depuis la disparition tragique et inexpliquée de sa femme, Ewan Riwoal, marin-pêcheur à Loguivy-de-la-Mer, est un homme perdu. Suspecté d’être à l’origine de la mort de celle qu’il aimait, menacé d’être chassé de ses lieux de pêche par un gigantesque projet d’élevage de saumons, il aurait renoncé à se battre si des indices troublants ne l’avaient peu à peu poussé à se lancer dans sa propre enquête et à démasquer les responsables de son malheur. Une intrigue pleine de rebondissements imprévus et spectaculaires, menée dans le milieu de la pêche bretonne.
« Le plan, c’était d’attacher les flics avec leurs propres menottes. Mais ces deux-là n’ont pas de menottes. Les menottes, c’est le cœur du drame. Plus tard, elle dira que si les flics avaient eu des menottes, rien de tout ce qui va suivre ne serait arrivé. » Histoire d’un amour hors du commun, évocation de la jeunesse révoltée, ce roman est librement inspiré de l’histoire de deux jeunes amants meurtriers. On peut trouver sur le chemin de sa vie et sur les bancs des facs de futurs criminels.
Les fruits du Congo, c’est une affiche. Elle représente une magnifique négresse qui porte des citrons d’or. Les collégiens d’une ville d’Auvergne rêvent devant cette affiche qui symbolise pour eux l’aventure et l’extrême poésie de l’existence. Qu’est-ce que l’adolescence ? Telle est la question à laquelle Alexandre Vialatte répond avec ce grand roman. En fait, il n’y répond pas : il nous montre l’adolescence, avec ses extravagances, ses aspirations sublimes, ses amours mélancoliques. Il nous montre aussi toute une ville de province avec ses kermesses, son assassin, son docteur, son lycée, son square. Une très belle carte postale des paysages d’Auvergne et une belle description de l’humanité.
Les ouvrages nous ayant inspirés ce jour et leurs auteurs :
« Un chien à ma table » de Claudie HUNZINGER (4ème lecture)
« Cosmétique de l’ennemi » de Amélie NOTHOMB (3ème lecture)
« Et vive le Tibet de Pema » de David FARMER
« Le sagouin » de François MAURIAC
« Blizzard » de Marie VINGTGRAS
« Vent contraire à Loguivy de la mer » de Michèle CORDIF
« Les cœurs autonomes » de David FOENKINOS
« Les fruits du Congo » de Alexandre VIALATTE
Notre prochain rendez-vous aura lieu de nouveau à la salle du conseil de l’ancienne mairie, jeudi 23 mars 2023 à 15 h 00