Nous avons rendu hommage à Jean Teulé qui nous a quittés avant-hier soir ; c’est une grande figure de la littérature française qui s’en est allé et il va nous manquer. Pars en Paix Jean ! Vincent a lu un extrait de « Comme une respiration ». Nous espérons pouvoir encore respirer des lignes comme les tiennes…
Puis la jeunesse est venue se montrer avec Caroline qui n’existe plus que dans nos têtes, dans nos souvenirs et dans nos larmes. Caroline est morte. Il y a un an déjà. Elle avait quinze ans quand sa vie a basculé. Ça s’est passé lors d’une fête entre copains. Elle était là, bien vivante. Et la seconde d’après, elle n’était plus qu’un corps désarticulé sur le béton. Depuis, chacun de ses amis témoins de la scène, apprivoise sa peine, vaille que vaille, dans son coin. Et la vie continue. Il y a Titou, qui déraille un peu, Sophie, qui refuse d’oublier de peur de trahir ; Nico, l’ami d’enfance, celui du premier baiser ; Marilou qui a déménagé et refait sa vie ; Alex qui essaie de vivre pleinement et tout de suite, malgré la culpabilité… Chacun d’entre eux vient de recevoir par la poste un carton d’invitation frappé d’une petite croix grise. Ils sont invités samedi à la messe anniversaire et vont se retrouver après un an de deuil. Une approche de la mort et de son acceptation.
Une troisième lecture de cet ouvrage qui aura marqué les esprits avec ce texte fort. Ce moment précis et minuscule, un basculement d’une seconde à peine. Pauline DELABROY-ALLARD est la lauréate du Prix « Envoyé par La Poste » 2018 pour son livre Ça raconte Sarah publié aux éditions de Minuit. Ce prix récompense un 1er roman, envoyé par la poste à un éditeur. Ça raconte Sarah figurait dans la première sélection du Goncourt 2018.
Une existence hors du commun adossée à une histoire familiale extraordinaire, une œuvre littéraire majeure couronnée par le Prix Nobel, et la traversée de toutes les tragédies politiques de la première moitié du XXème siècle – voilà comment on pourrait résumer la vie de Thomas Mann en quelques mots. La prouesse du Magicien consiste à nous faire vivre de l’intérieur – comme seul le roman peut le faire – cette vie exceptionnelle. Thomas Mann naît dans une famille de riches bourgeois hanséatiques dont il fera le portrait dans Les Buddenbrook, son premier roman qui fut aussi son premier succès. Mais le déclin de sa famille tout autant que sa quête d’un ailleurs le mène à Munich, où il épouse la riche et fascinante Katia Pringsheim. Avec et grâce à elle, il construit patiemment une œuvre protéiforme en même temps qu’un paravent de vie confortable qui le protège de ses démons : son attirance pour les hommes. Pour ses six enfants nés entre un voyage à Venise et un séjour dans un sanatorium – qui seront transposés dans La Mort à Venise et La Montagne magique – il restera à jamais ce magicien enfermé dans son bureau qu’il est interdit de déranger.
Colm Tóibín raconte avec le même bonheur la naissance de quelques chefs-d’œuvre de la littérature européenne que l’existence d’abord agitée, puis tragique, d’une grande famille, mais il excelle surtout dans l’évocation de la vie intérieure du romancier. Sa mue de grand bourgeois conservateur en intellectuel engagé face à la montée du nazisme, puis dans la douleur de l’exil, est dépeinte avec la même intensité que sa solitude et sa difficulté à être aimé. Heinrich, Klaus et Erika Mann, Christopher Isherwood, Bruno Walter, Alma Mahler et Franklin Delano Roosevelt peuplent la vie du grand écrivain et deviennent ici autant de personnages romanesques. Colm Tóibín entretisse tous ces fils littéraires, intimes, historiques et politiques dans une grande fresque qui se confond avec l’émouvant roman d’une vie : celle d’un génie littéraire et d’un homme seul qu’on appelait le magicien.
« L’Arte della gioia », ouvrage posthume, 1996. Traduction française « L’art de la joie », 2005.
Il était une fois une enfant, Modesta, née le 1er janvier 1900, dans un monde frustre et rapidement englouti… Non, L’Art de la joie résiste à toute présentation. Roman d’apprentissage, il foisonne d’une multitude de vies. Roman des sens et de la sensualité, il ressuscite les élans politiques qui ont crevé le XXe siècle. Ancré dans une Sicile à la fois sombre et solaire, il se tend vers l’horizon des mers et des grandes villes européennes… « Pourquoi faut-il lire ce livre ? Parce qu’il est un hymne à la joie. A la joie la plus simple qui soit, celle qui émane de la conscience et de l’acceptation sereine de sa propre existence et de celle des autres, personnes et choses, sans lesquelles le bonheur serait absolument impossible. Le XXe siècle, époque de tragédies horribles et d’esprits brillantissimes, se révèle sous un angle différent et les événements qui le caractérisent – guerres et révolutions, sciences et techniques, art et philosophie – portent les stigmates d’une seule femme, Modesta, qui assume les espoirs et la volonté de toutes les autres. » Luca Orsenigo, Corriere della sera.
« – Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile.
— Et alors, qu’y-a-t-il d’extraordinaire à cela ? demandai-je.
— Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés.
— De quoi parlez-vous ?
— Les cahiers… Ceux de Rose. »
Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin. Franck Bouysse, lauréat de plus de dix prix littéraires, nous offre avec ‘Né d’aucune femme’ la plus vibrante de ses oeuvres. Ce roman sensible et poignant confirme son immense talent à conter les failles et les grandeurs de l’âme humaine. Très perturbant quant aux scènes de la cruauté dans toute son expression.
Amaia Salazar, détachée de la Police forale de Navarre, suit une formation de profileuse au siège du FBI dans le cadre d’un échange avec Europol. L’intuition singulière et la perspicacité dont elle fait preuve conduisent l’agent Dupree à la lancer sur les traces d’un tueur en série qui profite des catastrophes naturelles pour assassiner des familles entières. Alors que l’ouragan Katrina s’apprête à dévaster le sud des États-Unis, le compte à rebours pour identifier celui qu’on surnomme le Compositeur est enclenché…
Le rejet d’une identité sociale peut mener à la haine familiale. Annie Ernaux a estimé qu’elle était « mal née » et n’a fait que régler ses comptes tout au long de sa carrière. « Enfant, quand je m’efforçais de m’exprimer dans un langage châtié, j’avais l’impression de me jeter dans le vide. Une de mes frayeurs imaginaires, avoir un père instituteur qui m’aurait obligée à bien parler sans arrêt en détachant les mots. On parlait avec toute la bouche. Puisque la maîtresse me « reprenait », plus tard j’ai voulu reprendre mon père, lui annoncer que « se parterrer » ou « quart moins d’onze heures » n’existaient pas. Il est entré dans une violente colère. Une autre fois : « Comment voulez-vous que je ne me fasse pas reprendre, si vous parlez mal tout le temps ! » Je pleurais. Il était malheureux. Tout ce qui touche au langage est dans mon souvenir motif de rancoeur et de chicanes douloureuses, bien plus que l’argent ».
NOUS DEVELOPPERONS LA SEMAINE PROCHAINE LE PARCOURS D’ANNIE ERNAUX ? QUI VIENT DE RECEVOIR LE PRIX NOBEL DE LITTERATURE et comme le dit le titre de son livre « La place », est-elle bien à la sienne ? Et après, que va-t-elle nous proposer ? Nous débattrons et analyserons sur nos divergences d’opinions, toutes légitimes à entendre. Et le rôle des Editions Gallimard dans cette affaire car il s’agit bien d’une affaire financière sur fond de politique brûlante donc « vendeuse »…
Les ouvrages étudiés aujourd’hui sont :
« Comme une respiration » de Jean TEULE
« La messe anniversaire » de Olivier ADAM
« Ca raconte Sarah » de Pauline DELABROY-ALLARD (3ème lecture)
« Le magicien » de Colm TOIBIN
« L’art de la joie » de Golardia SAPIENZA
« Né d’aucune femme » de Franck BOUYSSE
« La face nord du cœur » de Dolores REDONDO
Nous vous donnons rendez-vous jeudi prochain pour notre prochain jeudi littéraire à 15 h salle du Conseil de l’Ancienne Mairie.