Les tueurs voient l’enfer que nous avons sous nos pieds, tandis que nous, nous ne voyons que les fleurs… » Dans les montagnes sauvages du Frioul, en Italie, le commissaire Teresa Battaglia, la soixantaine, la langue acérée et le coeur tendre, est appelée sur les lieux d’un crime pour le moins singulier : un homme a été retrouvé mort, les yeux arrachés. À côté de lui, un épouvantail fabriqué avec du cuivre, de la corde, des branchages… et ses vêtements ensanglantés. Pour Teresa, spécialiste du profilage, cela ne fait aucun doute : le tueur frappera à nouveau. Elle va devoir rassembler toute son énergie et s’en remettre à son expérience pour traquer cette bête humaine qui rôde dans les bois. Si tant est que sa mémoire ne commence pas à lui faire défaut…
Par l’auteur de La Storia, quatorze nouvelles sur le monde imaginaire de l’enfance et de l’adolescence. » Le châle andalou » évoque les tourments d’un garçon partagé entre une adoration éperdue pour l’univers des adultes, incarné par sa mère, et la peur de la réalité. Dans » Le jeu secret « , trois enfants, la nuit, s’identifient à des personnages romanesques de leur invention. Dans chaque texte de ce recueil, Elsa Morante nous offre la clé d’un domaine enchanté.
Anna et Francesca ont treize ans, presque quatorze. C’est l’été à Piombino, ville désolée de Toscane bien loin de l’image de carte postale que l’on peut s’en faire quand on n’est pas d’ici. Chez elles, pas de vignes et Florence et son art sont bien loin. Leur quotidien : des barres d’immeubles insalubres et surtout l’aciérie, personnage monstrueux qui engloutit jour et nuit tous les hommes du coin. « D’acier » est un roman physique, qui vous happe dès la première page, pour vous relâcher, quatre cents pages plus tard, un peu sonné, avec le sentiment d’être face à un futur grand écrivain qui, à tout juste vingt-cinq ans, fait preuve d’un sens de la narration assez exceptionnel et d’une capacité à saisir l’essence de l’adolescence, ces amitiés fusionnelles qui nous construisent et cette obsession de la beauté, cette fascination régressive qu’elle peut susciter chez ceux qui n’en sont plus. D’acier pourrait n’être qu’un portrait social sombre d’une Italie de banlieue, de laissés pour compte sans envergure, pauvres humains tentant de se dépêtrer d’un monde qu’ils n’ont pas vu venir. Il est bien plus que cela. L’acier est constitué d’au moins deux éléments. D’acier aussi : d’une réalité désespérante et d’une petite poésie qui s’élève malgré tout, et l’ensemble, ça donne un sacré bon roman.
Anna a peur – de la foule, du bruit, de rouler sur l’autoroute, ou encore des pommes de terre qui ont germé… Et elle est enceinte de son deuxième enfant. Pour affronter cette nouvelle grossesse, elle décide d’aller voir une psy. Au fil des séances, Anna livre avec beaucoup d’humour des morceaux de vie. L’occasion aussi, pour elle, de replonger dans le pays de son enfance, l’Italie, auquel elle a été arrachée petite ainsi qu’à sa Nonna chérie. C’est toute son histoire familiale qui se réécrit alors sous nos yeux… À quel point l’enfance détermine-t-elle une vie d’adulte ? Peut-on pardonner l’impardonnable ? Comment dépasser ses peurs pour avancer vers un avenir meilleur ?
Nous l’avions déjà évoqué. 2ème lecture avec des précisions qui nous auraient peut-être échappés. Le malheur frappe durement la famille Florio : les enfants meurent, le couple formé par Franca et Ignazio bat de l’aile et la colère ouvrière menace d’apporter la ruine.
Le dernier volet du cycle autobiographique de l’auteure. Elle raconte sa relation passionnelle avec la jeune Roberta, son ancienne codétenue et militante radicale. Ensemble, elles parcourent de long en large la Rome des années 1980, ville déchirée entre son histoire et un consumérisme en plein essor.
Lorsque son frère devient père, Michela cherche à comprendre pourquoi elle n’a jamais eu le courage de mettre au monde un enfant. De quoi a-t-elle eu toujours si peur ? Lorsqu’elle se tourne vers son père, découvrant qu’il porte pour deuxième prénom Benito, elle se heurte à une indifférence qui hésite entre l’esquive et l’hostilité. Pourquoi le prénom de Mussolini ? Michela entreprend d’y voir plus clair et, bientôt aidée d’Internet, d’une boîte de médailles familiales qui dort au sommet d’un placard, et de piles de lettres empoussiérées par les années, elle saisit des pans de vérité. La vérité c’est que son grand-père paternel que la transmission familiale racontait royaliste et patriote fut un des tout premiers soutiens du Duce. La Première Guerre avait ravagé l’Italie, tuant 1.240.000 soldats et civils, et une jeune génération traumatisée s’était laissé tenter par le fascisme. Mais ensuite ? Installé entre Lecce, dans les Pouilles, et Rome, il poursuit une carrière de juge, opérant sur la politique locale et nationale. Avec le temps, les tabous se cristallisent et le silence s’installe, minant les relations familiales. Le choc intime que provoquent en Michela ces recherches est vertigineux. Et si l’origine de sa honte résidait dans le passé refoulé de sa famille ? Son histoire familiale se révèle en écho au destin de son pays avec une telle intensité qu’elle nous saisit à chaque page. La joie de vivre est si étrangère à son père qu’elle semble d’abord aussi interdite à Michela. Mais grâce à sa détermination, grâce à son écriture, elle la retrouve et nous la partageons. Un cheminement bouleversant.
Emma est vétérinaire de campagne. À quarante-trois ans, au beau milieu d’une vie rude, autarcique et solitaire, elle voit débarquer le jeune Giovanni, adolescent fugueur de quatorze ans, dont elle a autrefois connu les parents, Micol et Raphaël. Ce qui s’est joué entre elle et les parents de Giovanni, elle a voulu l’oublier, l’enfouir au plus profond. Elle souhaiterait que Giovanni parte, mais il reste. Et s’installe peu à peu entre eux une histoire tendre, fiévreuse et maladroite. Lorsque Micol revient chercher son fils, elle croit comprendre l’irréparable, la liaison entre Emma et Gio. Il y aura procès. Il y aura vengeance. Mais de quoi, et de qui, se venge-ton ? D’un amour qui reste tabou ? Ou d’un passé dont les blessures ne se sont pas refermées ?
Martorana, un petit village de la Sicile des années 1960. À quinze ans, Oliva Denaro rêve de liberté. Elle étudie le latin et aime découvrir dans le dictionnaire des mots rares qui l’aident à formuler ses pensées encore confuses. Elle aime courir à en perdre le souffle, aller à la chasse aux escargots avec son père, viser avec son lance-pierre ceux qui se moquent de son ami Saro.
Aussi, quand les conventions l’obligent à se soumettre à une loi ancestrale, Oliva se rebelle et fait valoir son droit de choisir. Au risque d’en payer le prix fort.
Après le succès du Train des enfants, Viola Ardone confirme son talent à mêler fiction et Histoire en donnant dans ce nouveau roman une voix singulière, inoubliable, à ses personnages.
Quand Ariane, archéologue au musée de Nice, voit sa mère vieillir et les premiers symptômes de la maladie apparaître, elle sait le peu de temps qu’il lui reste pour comprendre cette femme distante et amère. Qu’a-t-elle laissé en Italie dans les années 1960 pour émigrer de l’autre côté des Alpes ? Un huis-clos de femmes sur fond de Méditerranée, traversé par les paysages de Nice, ses ruines et ses mirages, contre lesquels se fendent les identités telles des vagues.
1979. Paolo et Luisa prennent le même bateau, chacun de son côté, pour se rendre sur l’Île. Mais ce n’est pas un voyage d’agrément, car c’est là que se trouve la prison de haute sécurité où sont incarcérés le fils de Paolo et le mari de Luisa. Ce dernier est un homme violent qui, après un meurtre commis sous le coup de la colère, a également tué un surveillant en prison, tandis que le premier a été reconnu coupable de plusieurs homicides politiques sur fond de révolution prolétarienne. L’homme et la femme ne se connaissent pas, Paolo est professeur de philosophie, mais il n’enseigne plus ; Luisa, elle, est agricultrice et élève seule ses cinq enfants. À l’issue du voyage et de la brève visite qu’ils font au parloir de la prison, ils ne peuvent repartir comme ils le devraient, car le mistral souffle trop fort. Ils passent donc la nuit sur l’Île, surveillés par un agent, Pierfrancesco Nitti, avec qui une étrange complicité va naître. Pour ces trois êtres malmenés par la vie, cette nuit constitue une révélation et, peut-être aussi, un nouveau départ. Avec Plus haut que la mer, Francesca Melandri livre un deuxième roman incisif et militant, une superbe histoire d’amour et d’idées qui est aussi une subtile réflexion sur le langage, celui de la politique et celui du monde dans lequel nous vivons
Les ouvrages d’écrivaines italiennes présentés aujourd’hui sont :
« Sur le toit de l’enfer » de Ilaria TUTI
« Le châle andalou » de Elsa MORANTE
« D’acier » de Silva AVALLONE
« Cia bella » de Serena GIULIANO
« Les lions en hiver » de Stéphania AUCI
« Les certitudes du doute » de Goliarda SAPIENZA
« Mon nom est sans mémoire » de Michela MARZANO
« Les mains nues » de Simonetta GREGGIO
« Le choix » de Viola ARDONE
« Dans tout le bleu » de Laura ULONATI
« Plus haut que la mer » de Francesca MELANDRI
Notre prochain rendez-vous aura lieu jeudi 12 janvier 2023 salle du conseil à l’Ancienne Mairie à 15 h.