Il voulait devenir romancier : le point de départ de ce roman est la mort de Roland Barthes, renversé par une camionnette de blanchisserie le 25 février 1980. L’hypothèse est qu’il s’agit d’un assassinat. Dans les milieux intellectuels et politiques de l’époque, tout le monde est suspect… Il a vécu en quelques mois plus d’événements extraordinaires qu’il aurait pensés en vivre durant toute sa vie. Simon sait reconnaître du romanesque quand il en rencontre. Il repense aux surnuméraires d’Umberto Eco.
« Son précédent texte court, Mal vu mal dit, datait de 1980 et Samuel Beckett ne reviendra à cette forme d’expression qu’en 1987-88 avec son dernier ouvrage, Stirrings Still (Soubresauts). Mais tout en s’inscrivant dans cette continuité, Cap au pire est une œuvre à part, le cri d’une souffrance, d’une détresse inouïe. Ce cri, qui tend de façon plus ou moins explicite toute l’œuvre de Samuel Beckett, il ne pouvait le faire entendre à l’état pur qu’en torturant le langage de façon à le dépouiller, le réduire à l’extrême, le pousser aux limites du silence. À l’époque où il écrivait Cap au pire, Samuel Beckett se consacrait, comme réalisateur, au tournage de ses pièces pour la télévision et particulièrement à Quad. Là, des personnages qui ne sont plus que des silhouettes suivent des itinéraires minutieusement tracés pour parcourir un espace dont ils évitent soigneusement le centre, chacun déviant sa course lorsqu’il approche du cœur du vide, domaine de tous les périls. Dans Cap au pire, Samuel Beckett se situe au contraire à ce point central où rien ne le protège plus, où il va devoir affronter une détresse absolue. Cette démarche fut pour lui une épreuve terrible. S’il a renoncé à l’époque à traduire lui-même Worstward Ho en français, c’est en grande partie parce qu’il redoutait d’avoir à affronter de nouveau une souffrance aussi intolérable ».
Ségurian, un village de montagne, quatre cents âmes, des chasseurs, des traditions. Guillaume Levasseur, un jeune homme idéaliste et déterminé, a décidé d’installer une bergerie dans ce coin reculé et paradisiaque. Un lieu où la nature domine et fait la loi. Accueilli comme une bête curieuse par les habitants du village, Guillaume travaille avec acharnement ; sa bergerie prend forme, une vie s’amorce. Mais son troupeau pâture sur le territoire qui depuis toujours est dévolu à la chasse aux sangliers. Très vite, les désaccords vont devenir des tensions, les tensions des vexations, les vexations vont se transformer en violence.
Le lectorat et l’auteur, émission Totémic de Rébecca Manzoni qui recevait Alain Mabanckou. Sa dernière œuvre « Le commerce des allongés » est écrit avec beaucoup d’humour, politique également, il aborde les injustices sociales, la place des femmes, la corruption des hommes politiques… » propos recueillis et développés par Annick ce jeudi.
Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort ! Imaginez un magasin où l’on vend depuis dix générations tous les ingrédients possibles pour se suicider. Cette petite entreprise familiale prospère dans la tristesse et l’humeur sombre jusqu’au jour abominable où surgit un adversaire impitoyable : la joie de vivre… »Une fable déconcertante, grinçante et irrespectueuse, digne des Monty Python au mieux de leur forme, pour tous ceux qui voudraient mourir… de rire ! «
Max a invité son meilleur copain Anton à passer les vacances avec lui et ses parents en Espagne. Le problème déjà, c’est que Max n’est pas le meilleur ami d’Anton. Anton est de ce fait plutôt mal à l’aise et même parfois méchant. En plus, les parents de Max ne se parlent presque pas et dès qu’ils ouvrent la bouche, c’est pour se disputer. Max a beaucoup de peine car il sait que ses parents vont divorcer. Le voyage semble bien long à Anton qui se dit qu’il aurait préféré partir dans d’autres conditions plutôt que d’être en vacances avec cette famille. Mais au cours de leur première nuit à l’hôtel, il va se passer bien des choses entre les deux garçons. Il fait incroyablement chaud et la patronne de l’hôtel va les emmener s’amuser sur la place du village. Un roman jeunesse, conseillé plutôt qu’à partir de 11 ans.
C’est une suite de lettres entre amis qui se sauvent la vie. Dans ce roman épistolaire, Virginie Despentes revient sur le thème qui unit tous ses livres – comment l’amitié peut naître entre personnes qui n’ont à priori rien à faire ensemble. Rebecca a dépassé la cinquantaine, elle est actrice, elle est toujours aussi séduisante. Oscar a quarante-trois ans, il est un auteur un peu connu, il écoute du rap en essayant d’écrire un nouveau livre. Ils sont des transfuges de classe que la bourgeoisie n’épate guère. Ils ont l’un comme l’autre grandi et vieilli dans la culture de l’artiste défoncé tourmenté et sont experts en polytoxicomanie, mais pressentent qu’il faudrait changer leurs habitudes. Zoé n’a pas trente ans, elle est féministe, elle ne veut ni oublier ni pardonner, elle ne veut pas se protéger, elle ne veut pas aller bien. Elle est accro aux réseaux sociaux – ça lui prend tout son temps.
Ces trois-là ne sont pas fiables. Ils ont de grandes gueules et sont vulnérables, jusqu’à ce que l’amitié leur tombe dessus et les oblige à baisser les armes. Il est question de violence des rapports humains, de postures idéologiques auxquelles on s’accroche quand elles échouent depuis longtemps à saisir la réalité, de la rapidité et de l’irréversibilité du changement. Roman de rage et de consolation, de colère et d’acceptation. Cher connard présente une galerie de portraits d’êtres humains condamnés à bricoler comme ils peuvent avec leurs angoisses, leurs névroses, leurs addictions aux conflits de tous ordres.
C’est l’histoire d’un enfant aux yeux noirs qui flottent, et s’échappent dans le vague, un enfant toujours allongé, aux joues douces et rebondies, aux jambes translucides et veinées de bleu, au filet de voix haut, aux pieds recourbés et au palais creux, un bébé éternel, un enfant inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les autres. C’est l’histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît, au milieu de la nature puissante et des montagnes protectrices ; de sa place dans la fratrie et dans les enfances bouleversées.
Une confidence honnête : « J’avais du mal à écrire ; je tournais en rond. Mes personnages me procuraient un vertige d’ennui. J’ai pensé que n’importe quel récit réel aurait plus d’intérêt. Je pouvais descendre dans la rue, arrêter la première personne venue, lui demander de m’offrir quelques éléments biographiques, et j’étais à peu près certain que cela me motiverait davantage qu’une nouvelle invention. C’est ainsi que les choses ont commencé. Je me suis vraiment dit : tu descends dans la rue, tu abordes la première personne que tu vois, et elle sera le sujet de ton livre.»
Twyla et Roberta ont huit ans lorsqu’elles se rencontrent au foyer de St-Bonaventure. L’une est noire ; l’autre est blanche. (Mais laquelle est laquelle ? Nous ne le saurons jamais…) Quatre mois durant, les deux fillettes resteront inséparables, avant que la vie ne les éloigne. Des années plus tard, elles vont se recroiser brièvement, à plusieurs reprises, chaque fois dans des circonstances très différentes. Des retrouvailles souvent malaisées, jetant une lumière trouble sur un épisode de leur enfance, une scène en apparence anodine mais dont le souvenir ne les a jamais quittées – si tant est que ce souvenir soit fidèle à ce qui s’est réellement passé ce jour-là…
Les ouvrages que nous avons décidé de « défendre » aujourd’hui :
« La septième fonction du langage » de Laurent BINET
« Cap au pire » de Samuel BECKETT
« La certitude des pierres » de Jérôme BONNETTO
« Le magasin des suicides » de Jean TEULE (Teulé)
« Les nuits où personne ne dort » de Christophe HONORE (jeunesse)
« Cher connard » de Virginie DESPENTES
« S’adapter » de Clara DUPONT-MONOD (seconde lecture)
« Famille Martin » de David FOENKINOS
« Récitatif » de Toni MORRISON
Notre prochain rendez-vous à la Coquille aura lieu jeudi 15 septembre 2022 à 15 h.