« L’Arte della gioia », ouvrage posthume, 1996. Traduction française « L’art de la joie », 2005. Il était une fois une enfant, Modesta, née le 1er janvier 1900, dans un monde frustre et rapidement englouti… Non, L’Art de la joie résiste à toute présentation. Roman d’apprentissage, il foisonne d’une multitude de vies. Roman des sens et de la sensualité, il ressuscite les élans politiques qui ont crevé le XXe siècle. Ancré dans une Sicile à la fois sombre et solaire, il se tend vers l’horizon des mers et des grandes villes européennes… « Pourquoi faut-il lire ce livre ? Parce qu’il est un hymne à la joie. A la joie la plus simple qui soit, celle qui émane de la conscience et de l’acceptation sereine de sa propre existence et de celle des autres, personnes et choses, sans lesquelles le bonheur serait absolument impossible. Le XXe siècle, époque de tragédies horribles et d’esprits brillantissimes, se révèle sous un angle différent et les événements qui le caractérisent – guerres et révolutions, sciences et techniques, art et philosophie – portent les stigmates d’une seule femme, Modesta, qui assume les espoirs et la volonté de toutes les autres. » Luca Orsenigo, Corriere della sera.
L’univers absurde d’une station thermale spécialisée dans le traitement de la stérilité sert de décor à cette valse mi-tragique, mi-grotesque. Dans cette lutte éternelle entre les visions masculine et féminine de l’existence, avec un sens aigu de la dérision, Kundera nous invite à une parenthèse dialectique dont les deux volets, mouvement et immobilité, ne sont qu’une traduction des deux pôles identitaires qui sous-tendent toute son oeuvre : l’individu et le groupe. Dans ce lieu où la stérilité est soignée par le mensonge, la perspective d’une naissance est à la fois une promesse de vie pour Ruzena et une menace de mort pour Klima.
Autour d’eux gravitent des personnages qui s’adonnent à la danse triste et dérisoire de l’amour et de la dissimulation. Au bout du compte, ceux qui étaient de passage quittent la piste, laissant derrière eux des séquelles irréparables. La parenthèse une fois refermée, on a le vague sentiment que les personnages ont passé leur temps à essayer de prendre congé d’une partie de leur vie pour mieux se construire.
C’est un roman dont Yes, une jeune chienne, est le personnage principal. Un soir, celle-ci, traînant une sale histoire avec sa chaîne brisée, surgit à la porte d’un vieux couple, Sophie une romancière et Grieg son compagnon. À partir de là, le destin de Yes va tenir à lui seul la narration. D’où vient-elle, qu’a-t-elle vécu ? Est-on à sa poursuite ? La chienne se révélera la gardienne de ce qui caractérise l’humain. La gardienne du langage. Mais une gardienne menacée.
On pourrait aussi voir dans ce roman l’histoire d’un duo féminin/animal. Il raconte en effet la grande affection qui lie Sophie, la narratrice, et Yes, la jeune chienne échappée de chez un zoophile. Chacune s’augmentant de l’autre. Chacune veillant aussi sur l’autre. Jusqu’au drame.
Mais c’est également un roman d’amour entre deux êtres humains, interrogeant quelle sorte d’amour lie encore un vieux couple, Sophie qui aime les marches dans la forêt, et Grieg, déjà sorti du monde, dormant le jour et lisant la nuit, survivant grâce à la littérature. L’intrusion de Yes sera le révélateur de l’amour qui lie ce couple en passe de l’avoir oublié.
Cependant, on peut aussi penser que le thème du roman, c’est la vieillesse. Celle du monde, celle d’un couple, celle d’une femme. Oui. Mais surtout le contraire de la vieillesse. Dans ce roman, on n’accepte pas encore la défaite. Grâce à l’irruption de Yes, il est une ode à la vie.
On peut également penser qu’on se trouve dans un roman écoféministe dont l’enjeu est ce qui lie la nature menacée et le féminin révolté. Quoi qu’il en soit, on baigne dans des temps troublés. Bizarres. Inquiétants. Où va-t-on ? L’humanité, que deviendra-t-elle ? Que deviendront les bibliothèques, les librairies, les livres ? Mais comme il s’agit d’un livre qui prône l’extravagance, où les poètes de ces temps de détresse se sont réfugiés dans les champignons, merveilles d’un futur imprévisible, ce roman baigne dans un climat d’amour de la poésie. Son véritable enjeu climatique, c’est la poésie.
Au premier abord, Harry Haller impressionne désagréablement le neveu de sa nouvelle logeuse, peut-être par le regard mi-satisfait mi-moqueur dont il examine les êtres, comme si le confort bourgeois de la maison lui semblait à la fois étranger, plaisant et dérisoire. Si Haller considère tout avec l’ironie d’un habitant de Sirius ou d’ailleurs, c’est qu’il appartient effectivement à un autre monde, celui de l’intellectualité pure. À force de renier ce qui constitue le bonheur quotidien des hommes, il se sent devenu un « loup des steppes » inapte à frayer avec ses semblables, de plus en plus solitaire et voué à l’isolement. Il n’entrevoit qu’une solution : se tuer, mais la peur de la mort l’empêche soudain de rentrer chez lui mettre son dessein à exécution. Il erre dans la ville. A l’Aigle noir, il rencontre Hermine, son homologue féminin qui a choisi la pratique de ces plaisirs que lui-même a fuis. Elle le contraint à en faire l’apprentissage : c’est une véritable initiation à la vie, une quête troublante pour découvrir le difficile équilibre entre le corps et l’esprit sans lequel l’homme ne peut atteindre sa plénitude.
Il n’est plus là, c’est la seule certitude. En cours d’histoire, Livio a fait un exposé sur les autodafés nazis et Magnus Hirschfeld, un médecin juif allemand qui militait pour l’égalité entre hommes et femmes et les droits des homosexuels. Pour lui, c’était bien plus qu’un simple exercice : une revendication, un moment de courage, et peut-être un aveu. Mais il s’est heurté à la perplexité, à l’indifférence et surtout à l’hostilité de sa classe. Depuis lors, il a disparu et personne ne sait où il est. Sa plus proche amie Camille, sa professeure d’histoire, ses camarades, ses parents, tous interrogent le parcours de Livio et tentent de comprendre. Dans le creux de cette absence, résonnent tous les questionnements : ils auraient dû le voir venir, aucun ne l’a vu partir. Et si cette fuite était l’expression du courage ultime ?¨
Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu’elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d’une période sans équivalent dans l’histoire, où la France tout entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches…
Armelle bouillonne d’imagination et ne rêve que d’une chose, assouvir un souhait ancien ; embarquer sur un voilier pour un long voyage. Rien ni personne ne pourra l’empêcher de faire ce qu’elle aime. Elle témoigne à cœur ouvert de son aventure sur un journal retrouvé dans son appartement. Pauline, jeune femme pétillante et curieuse, se jette à corps perdu dans sa lecture qui s’interrompt lors du départ d’Armelle. Que s’est-il passé après son départ ? Qu’est devenue la navigatrice ? Est-elle toujours en vie ? Taraudée par ces questions, Pauline se lance à la recherche de cette femme qui la fascine. Guillaume, jeune homme rêveur et immature entreprend un voyage jusqu’au Pérou, quelle est donc sa quête ? Entre mensonges, coïncidences et introspection, les personnages partent à la conquête d’eux-mêmes sur fond de mer, voilier et tribus en Amazonie. Leurs destins vont se croiser dans cette aventure dont ils reviendront changés à jamais. Un mystère passionnant qui se lit d’une traite. L’autrice nous fait voyager et découvrir les dangers de la mer tout en suivant l’enquête haletante d’une jeune femme qui se prend d’affection pour une baroudeuse disparue durant le voyage en voilier qu’elle a toujours rêvé de faire. Odile Marteau Guernion, membre de notre association viendra nous en parler.
Les ouvrages sélectionnés sont :
« L’art de la joie » de Goliarda SAPIENZA
« La valse aux adieux » de Milan KINDERA
« Un chien à ma table » de Claudie HUNZINGER
« Le loup des steppes » de Hermann HESSE
« Porté disparu » de Brigitte GIRAUD (roman ado)
« Miroir de nos peines » de Pierre LEMAITRE
« De sel et d’aventures » de Odile MARTEAU-GUERNION
Notre prochain rendez-vous est fixé au Jeudi 16 février 2023 Salle du Conseil de l’Ancienne Mairie. Nous devrons terminer impérativement à 17 h.