L’auteur, ancien joueur du stade Rennais devenu psychologue spécialiste de l’enfance, est bien connu sur le territoire Breton. Il nous offre ici son journal commencé à l’âge de 24 ans, alors qu’il fait face à une tragédie : le meurtre de sa bien-aimée. À la fois journal de marche, enquête policière, récit poétique et quête de la résilience. La Passagère est surtout un véritable roman d’amour et une plongée dans la jeunesse des années 1970.
Lucie a peur. De tout. Si le métro s’arrête entre deux stations, elle pense qu’elle va mourir. Elle craint, lorsqu’elle part travailler le matin, qu’une catastrophe ne survienne, la privant à jamais de revoir son mari et ses enfants. Pourtant, à quarante ans, elle est comblée par un métier qui la passionne et une vie de famille réussie. Mais la disparition brutale d’Héloïse, sa cousine sourde et muette qu’elle chérissait, et celle de Louis, son ami d’enfance, font affleurer un souvenir flou et pénible au goût d’essence et de boue. Pour se libérer de ce mal étrange, Lucie devra revenir à la source de l’angoisse qui la saisit et l’empêche de vivre. Oui la peur est tapie dans l’enfance, enfermée dans la cabane du pêcheur.
Venger les mots… l’auteur aura écrit ce livre comme on érige une barricade face au maintien de l’ordre. Ici, il nous invite à multiplier les foyers de poésie pour « mettre le feu à la plaine » ; là, il en appelle à la libération de Leonard Peltier, militant de l’American Indian Movement emprisonné depuis 1976. Ailleurs encore, il compose une « prière punk » pour les Pussy Riot, collectif de féministes russes violemment malmenées par le pouvoir de Vladimir Poutine, ou un hommage aux héros du réseau Sabate qui bravèrent la dictature franquiste par des actions à visage découvert. D’un texte à l’autre, un même appel à l’insoumission. Une même conviction que la poésie est action. Un même désir de venger les mots et les morts, ceux qui « nous tiennent les jambes pour que nous restions debout. »
Une femme fait euthanasier son chat, décision qui suscite chez elle une prise de conscience de sa capacité à tuer. Elle écrit, la main hantée par l’Histoire, elle retourne jusqu’à la mémoire oubliée du temps où ses ancêtres étaient des animaux. Par l’écriture, elle essaie de comprendre la psyché et ses manifestations évidentes de cruauté, qu’elle voit tous les jours dans les médias : viols, meurtres, bombardements de civils, indifférence envers les impuissants, humains et bêtes qu’on fait souffrir sans remords. Ce livre est un cri provoqué par des questions existentielles : comment faire face à la méchanceté ambiante, comment voir sa propre méchanceté sans sombrer dans le désespoir, comme tant d’écrivains qui n’ont pas résisté ? Par l’écriture, par l’ouverture à l’autre, par la compassion, il lui semble possible d’affronter la vie en croyant que, si elle reconnaît la présence du mal aussi bien en elle que dans le monde, elle pourra y répondre en se tenant debout parmi les vivants.
« Neuf mois pour qu’un coeur palpite… » Le recueil débute par l’évocation d’une vie à naître. La naissance, les premiers mots, les premiers pas… D’un poème à l’autre, l’auteure esquisse une histoire sentimentale de la maternité. Mais soudain, le texte bascule : l’enfant lui est enlevé, le bonheur d’aimer cède la place à une déchirure, son corps de mère entre dans la guerre. Avec une simplicité désarmante, Maram raconte un épisode douloureux de sa propre histoire, faisant de l’enlèvement de son fils en Syrie l’acte fondateur de sa vie de poète. Un second texte, intitulé « Le semainier », témoigne de sa lutte pour conquérir le droit d’écrire et de se donner à elle-même une seconde chance de vivre. Un livre écrit avec le sel des larmes et le ventre noué des grandes émotions. Un livre que je publie pour qu’à travers lui toutes les mères empêchées puissent se faire entendre.
Les ouvrages mis à l’honneur aujourd’hui :
« La passagère » de Louis BOCQUENET
« Et la peur continue » de Mazarine PINGEOT
« Venger les mots » de Serge PEY
« La main hantée » de Louis DUPRE
« Le rapt » de Maram AL-MASRI
« Magazine LIRE » de février 2022 déjà paru avec une double page sur Michel HOUELLEBECQ