Avons commencé avec une petite rétrospective du salon du livre Etonnants Voyageurs où nous nous sommes rendus vendredi dernier pour la journée professionnelle. Rencontre avec les éditeurs et plus particulière avec « Le Temps des Cerises » que nous étions heureux de retrouver car nous les connaissons depuis une trentaine d’année (souvenirs parisiens). Nous avons eu un dialogue avec Isabelle Figuères qui nous a offert le livre de Michel Besnier* et que nous avons présenté ci-dessous :
Un homme jeune meurt dans un accident de voiture. La coutume de la presqu’île où il réside veut que son frère lui cherche une morte pouvant lui convenir. S’il la trouve, on pourra réaliser le mariage des morts, cérémonie qui unit les défunts et les enterrés côte à côte. Mais ce n’est pas simple de trouver une morte, surtout dans une société où les données de l’identité se sont quelque peu brouillées. Ce thème a suscité beaucoup de curiosité par son humour corrosif, un sujet pas si tabou et un pamphlet de notre société de consommation en ce domaine…
« On ne dira jamais assez combien ce livre a compté pour les jeunes femmes de ma génération. Il a changé radicalement notre conscience. » J.C Oates.
La jeune romancière Anna Wulf, hantée par le syndrome de la page blanche, a le sentiment que sa vie s’effondre. Par peur de devenir folle, elle note ses expériences dans quatre carnets de couleur. Mais c’est le cinquième, couleur or, qui sera la clé de sa guérison, de sa renaissance. Une construction littéraire originale et passionnante.
En 1933, à 19 ans, Hedy Kiesler, séduisante actrice viennoise d’origine juive, épouse Friedrich Mandl, un riche marchand d’armes proche de Mussolini. Conscients de la menace qui vient d’Allemagne, ses parents cherchent, par ce mariage, à la protéger, quitte à accepter pour cela une conversion au catholicisme. Malheureusement, Mandl s’avère être un homme possessif et opportuniste. D’abord opposé à l’Anschluss, il finit par retourner sa veste et obtient les faveurs de Hitler. Horrifiée, Hedy décide de s’enfuir. Installée aux États-Unis, elle rencontre le directeur de la MGM et devient sous ses mains Hedy Lamarr, superstar hollywoodienne. Malgré le faste et les mondanités, elle ne peut cependant oublier l’Europe et décide de contribuer à sa façon à l’effort de guerre. Grâce à son intelligence et avec l’aide d’un musicien, elle conçoit un système de codage des transmissions révolutionnaire – technologie qui sera à l’origine, entre autres, du Wifi et de nos téléphones portables. Mais comment accorder le moindre crédit scientifique à la plus belle femme du monde, d’origine autrichienne de surcroît ? Nous avions déjà évoqué ce récit mais tellement captivant et percutant.
Hélène, malade et immobilisée remonte le temps pour comprendre et expliquer les moments clefs de son existence. Née sous X, elle se sent une exclue accidentelle. Toute sa vie sera marquée par l’absence originelle de sa mère. Un récit émouvant des fragilités et des non-dits, un poison dans l’âme irrémédiablement présent, d’une inconsolable situation familiale.
Vincent Gaudin rêvait d’une vie aisée… Mais avec pour toute ressource le salaire des petits boulots difficilement trouvés, il sombre dans la déprime et fréquente le monde des paumés vivant près des quais du canal Saint-Martin à Paris. Quand le corps de Luc, un SDF différent des autres devenu son ami, est retrouvé flottant sur le canal, il décide de le venger… Mais attention pas n’importe comment car l’astuce diabolique qu’il a imaginée lui permettrait-elle d’arriver à ses fins et d’accéder à cette vie à laquelle il aspire ? » un roman policier très captivant qui ne se dénoue pas tout à fait comme on pourrait le penser.
Elle est seule et avance d’un pas léger. Elle ne laisse aucune empreinte dans le sable, mais sa pensée « recoud les fragments du monde ». Elle chemine d’un mot à l’autre et trace des signes dans la poussière des lendemains. Pour tous, cette reine mythique porte le nom d’Isis, déesse funéraire de l’Égypte antique qui rassemble les morceaux épars d’un amour défunt ; mais pour Jeanne Benameur, elle est aussi une sœur qui marche sur la Terre, en bordure d’océan, sur un étroit chemin ou sur « le sable humide encore de la dernière marée ». Avec elle, elle répond à l’appel de la vie, là où le bleu du ciel se mêle à celui de la mer. Isis ou le temps à l’œuvre dans nos vies. Comme ces mots dont nous sommes « le logis éphémère ». Comme un rêve éveillé, une pensée qui apaise. Isis ou la vraie vie. Un texte hautement littéraire et envoûtant de beauté.
En 2004, Iván, écrivain frustré, responsable d’un misérable cabinet vétérinaire de La Havane, revient sur sa rencontre en 1977 avec un homme mystérieux qui promenait sur la plage deux lévriers barzoï. “L’homme qui aimait les chiens” lui fait des confidences sur Ramón Mercader, l’assassin de Trotski qu’il semble connaître intimement.
Ils se nomment Hala et Haïssam, les enfants que Murielle Szac met en scène dans ce long poème narratif. Ils jouent, ils chantent, ils dansent, s’inventent des histoires, et ferment les yeux pour rêver lorsque le monde devient trop dur à regarder. La vie dans le quartier aux mille saveurs, puis les bombardements et le chemin d’exil. Mais l’enfance toujours, qui ne vend jamais ses ailes au chagrin… Eux nous regardent intensément, venus de ces lointains qui mettent souvent le coeur en peine : ce sont les enfants de Syrie que Nathalie Novi peint depuis des années, avec l’espoir de leur rendre le soleil que la vie leur a volé. Il fallait des mots de poète pour les sortir de leur silence. C’est chose faite : dans ce livre, les mots et les images tricotent un nid « pour l’oiseau de leur vie ». Un recueil illustré d’extraordinaires dessins et des textes qui les accompagnent à souhait.
Quelques règles élémentaires de survie dans le bush australien : 1) Ne jamais conduire en pleine nuit sur une route déserte : un kangourou se ferait une joie de défoncer votre pare-chocs. 2) Ne jamais céder aux charmes d’une auto-stoppeuse du cru. 3) Et ne jamais se laisser droguer, enlever et épouser par ladite autochtone. Dans son village, en effet, le divorce n’est pas autorisé. Mais le nombre de veuves y est impressionnant… Une histoire à dormir debout ? non une grande aventure humaine contemporaine comme Douglas aime les inventer.
C’était l’été 1954. On entendait pour la première fois la voix sèche et rapide d’un » charmant petit monstre » qui allait faire scandale. La deuxième moitié du XXe siècle commençait. Elle serait à l’image de cette adolescente déchirée entre le remords et le culte du plaisir. Tout le monde aura deviné la patte de Sagan, elle n’avait que 19 ans et promettait déjà des scandales ordonnés pour elle.
Dans un quartier riche et ensoleillé de Los Angeles, tout semble parfait. Mais la perfection n’existe pas, et là où il y a soleil, il y a ombre. Secrets et tragédies se cachent à chaque coin de rue.
Dans une veine qui rappelle « La Couleur des sentiments » ou « Desperate Housewives », « Un long, si long après-midi » est un premier roman époustouflant au cœur d’une Amérique asphyxiée par son sexisme et son racisme ordinaires.
Les ouvrages et leurs auteur(e)s étudiés aujourd’hui :
« Le mariage des morts » de Michel BESNIER (*édition du Temps des Cerises)
« L’homme qui aimait les chiens » de Leonardo PADURA
« Le carnet d’or » de Doris LESSING
« La femme qui en savait trop » seconde lecture – de Marie BENEDICT
« Te souviens-tu de moi » et « La prison en héritage » de Martina MORISS
« Le pas d’Isis » de Jeanne BENAMEUR
« Immenses sont leurs ailes » de Muriel SZAC
« Piège nuptial » de Douglas KENNEDY
« Bonjour Tristesse » de Françoise SAGAN
« Un long si long après-midi » de Inga VESPER
Notre prochain rendez-vous est fixé au jeudi 16 juin 2022 à 15 h à La Coquille – Hôtel Saint-Quay.