Nos lectures nous font voyager avec :
La tête de l’emploi – de David FOENKINOS (2ème lecture)
À 50 ans, Bernard se voyait bien parti pour mener la même vie tranquille jusqu’à la fin de ses jours. Mais parfois l’existence réserve des surprises… De catastrophe en loi des séries, l’effet domino peut balayer en un clin d’oeil le château de cartes de nos certitudes. Et le moins que l’on puisse dire est que cet homme ordinaire, sympathique au demeurant, n’était pas armé pour affronter ce qui l’attendait. Buster Keaton post-moderne, il va devoir traverser ce roman drôle et mélancolique pour tenter de retrouver sa place dans un monde en crise. Toujours l’écriture savoureuse de l’auteur qui nous promène dans des sphères originales.
Le tour du monde en 80 jours – Jules VERNE Roman d’aventures, publié en 1872.et ce chef d’œuvre vaut bien un développement :
Il raconte la course autour du monde d’un gentleman anglais, Phileas Fogg, qui a fait le pari d’y parvenir en 80 jours. Il est accompagné par Jean Passepartout, son serviteur français. L’ensemble du roman est un habile mélange entre récit de voyage (traditionnel pour Jules Verne) et données scientifiques comme celle utilisée pour le rebondissement de la chute du roman. Ce voyage extraordinaire est rendu possible grâce à la révolution des transports qui marque le XIXe siècle et les débuts de la révolution industrielle. L’apparition de nouveaux modes de transport (chemin de fer, marine à vapeur) et l’ouverture du canal de Suez en 1869 raccourcissent les distances, ou du moins le temps nécessaire pour les parcourir.L’histoire débute à Londres, le 2 octobre 1872 : Phileas Fogg est un riche célibataire, aux habitudes très régulières. Il vit à Londres, fait partie d’un club et a un domestique : Passepartout. Comme tous les soirs, il se rend au Reform Club. En feuilletant le journal, il apprend qu’il est possible d’accomplir le tour du monde en 80 jours. En effet, un article du Morning-Chronicle affirme qu’avec l’ouverture d’une nouvelle section de chemin de fer en Inde, il est désormais possible de faire le tour de la Terre en 80 jours, selon l’itinéraire suivant et amusons-nous en imaginant les transports :
Londres / Suez
rails et paquebot
7 jours
Suez / Bombay
paquebot
13 jours
Bombay / Calcutta
rails
3 jours
Calcutta / Hong Kong
paquebot
13 jours
Hong Kong / Yokohama
paquebot
6 jours
Yokohama / San Francisco
paquebot
22 jours
San Francisco / New York
rails
7 jours
New York / Liverpool
paquebot
8 jours 18 heures
Liverpool / Londres
rails
6 heures
Total : 80 jours
Une vive discussion s’engage sur cet article. Phileas Fogg parie 20 000 livres avec ses collègues du Reform-Club qu’il réussira à achever ce tour du monde en 80 jours. Il part immédiatement, emmenant avec lui Jean Passepartout, son nouveau valet de chambre. Il quitte Londres à 20 h 45 le 2 octobre, et doit donc être de retour à son club au plus tard à la même heure, 80 jours après, soit le 21 décembre 1872 à 20h 45 heure locale.Phileas Fogg est un maniaque de l’heure, qui aime agir de façon exacte et précise. Pour lui, « l’imprévu n’existe pas ». Mais le voyage va être semé d’embûches et de contretemps. Le pari et le départ de Fogg font la une des journaux. La police se demande si Philéas Fogg est le fameux voleur qui vient de dévaliser la Banque d’Angleterre et qui chercherait à s’échapper. L’inspecteur Fix part à sa recherche, et ne cessera de le courser dans tous les pays traversés. Philéas Fogg et Passepartout partent de Londres en train et utilisent ensuite différents moyens de transport. En Inde, ils sauvent Mrs Aouda, une jeune veuve qui devait être brûlée vive comme le veut la coutume de la satî, au cours d’une cérémonie dédiée à la déesse Kâlî. À Hong Kong, Fogg manque le paquebot mais Passepartout embarque. Ils finissent par se retrouver quelques jours plus tard au Japon, à Yokohama, dans un cirque où Passepartout s’était engagé comme acrobate. Lorsque Philéas Fogg arrive à San Francisco, il tombe en pleine effervescence électorale, se fait un ennemi, le colonel Stamp W. Proctor, prend le train, y retrouve le colonel avec lequel il va se battre lorsque le train est attaqué par les Sioux. Passepartout est fait prisonnier mais Fogg le libère, aidé par quelques autres passagers. Pressé par le temps, Philéas Fogg emprunte un bateau à vapeur pour arriver à temps en Angleterre. Dès qu’il débarque en Angleterre, Fix l’arrête avant de le relâcher lorsqu’il découvre son erreur. Ayant raté le train et pensant avoir perdu son pari, Philéas Fogg rentre chez lui et déclare son amour à Mrs Aouda. Passepartout lui fait alors remarquer qu’il a gagné vingt-quatre heures dans son périple. Philéas Fogg se rend au Reform-Club, il a gagné son pari !
Nocturne Indien – Antonio TABBUCHI
« Je parlais des corps, dis-je, peut-être sont-ils comme des valises, nous y transportons nous-mêmes. » Ce livre pourrait servir de guide aux amateurs de parcours incongrus. Car il y a quelque chose d’insensé dans la recherche obstinée d’un ami disparu dans une Inde tour à tour inquiétante, hallucinée et fascinante, où l’on croise des devins dans l’autobus, des prostituées ou encore des jésuites portugais. Mais de rencontres paradoxales en coïncidences mystérieuses, des chambres d’hôtel miséreuses de Bombay aux luxueux resorts de Goa, une logique singulière se révèle dans l’obscurité de la nuit. Un classique moderne, prix Médicis étranger 1987, adapté au cinéma par Alain Corneau.
Les yeux du Rigel – Roy JABOBSEN
« Le pays se lavait les mains. Oui, et même un grand nombre de ceux qui avaient vraiment fait quelque chose savaient qu’ils auraient pu faire davantage, et ils n’avaient pas envie qu’on le leur rappelle. »
Pendant la guerre, Ingrid Barrøy avait sauvé, soigné et aimé Alexander, un Russe survivant du naufrage du Rigel, qui avait coulé au large des côtes du Helgeland. De cet amour aussi bref que libre était née une petite fille, Kaja. Début 1946, la guerre est terminée, Kaja a dix mois, et Ingrid décide, contre l’avis de tous, de partir à la recherche de celui qu’elle présente comme son « homme ». Avec sa fille sur le dos et la valise à la main, elle va suivre Alexander à la trace dans toute la Norvège, d’une ferme à une autre, d’une gare à l’autre, de pêcheur en passeur, de bûcheron en médecin. Les yeux du Rigel est le troisième volume de la trilogie consacrée à Ingrid Barrøy. C’est le voyage d’une femme qui quitte son île pour la terre ferme, la forêt, les villes et même l’étranger, et qui rentre dans son île, après avoir croisé des hommes et des femmes pleins de cicatrices extérieures et de blessures internes, dans une Norvège qui, si elle n’est plus ravagée par la guerre, n’est pas en paix avec elle-même. On retrouve ici tout le talent de Roy Jacobsen, qui sait si bien mêler avec force et poésie la grande Histoire et les destins de gens modestes, ainsi que les ombres du passé.
Sortilège de la nuit – Gérard CHEVALIER
Il est très dur de vivre une journée de chômage quand, à cinquante-et-un ans, on ne l’a jamais connu en travaillant comme infirmier dans une maternité, laquelle vient de fermer. Paul, veuf depuis trois ans, traîne sa première journée libre en visitant son grand fils exploitant agricole. La soirée est bien triste dans sa petite maison où tant de souvenirs rôdent en permanence. Il s’endort péniblement. À minuit, le réveil est brutal : un homme vêtu d’une peau de bête est accroupi au bout du lit. Terrifié, l’inconnu dégage une puanteur terrible et ne comprend visiblement pas les questions de Paul. Le dialogue de sourd prend fin au petit matin. Alors que l’infirmier, qui s’est assoupi, se réveille, l’autre a disparu, au grand soulagement de son hôte. Mais la nuit suivante, le choc se reproduit ! À la même heure, l’inconnu à l’aspect préhistorique est de nouveau là. Fait étrange : il pleure… Avec ce roman fantastique alliant suspense, humour et humanité, à mi-chemin entre le film Les Visiteurs et la série Outlander, Gérard Chevalier nous plonge dans la période préhistorique. Sensible, drôle et documenté, cet ouvrage interpelle sur notre rapport au monde moderne. Passionnant !
Les sources – Marie-Hélène LAFON
Tout commence un week-end de juin 1967, une famille vit dans une ferme isolée dans la vallée de la Santoire. Isabelle, Claire et Gilles sont en train de jouer dans le jardin, la cour, jouant de la balançoire ou grimpant sur l’érable, tout en participant à l’élevage des bêtes, la production de saint-nectaire, l’étable, la ferme… tandis que leurs parents semblent attendre queque chose… La mère reste assise à table pendant que le père fait la sieste sur le banc… Dès lors, la tension semble palpable. À travers le cheminement défragmenté de cette femme, outre le labeur en compagnie des bonnes, du vacher et de ses enfants, elle hésite entre rester et partir. Pourtant, la ferme leur appartient, ils ont signé ensemble. Malgré les avertissements de son père, elle croit en son mariage, en l’héritage de reprendre les affaires, de les prospérer. Et ses enfants, les sources dans lesquelles ils puissent, seuls et uniques endroits où les existences se forgent, vont-elles perpétuer au cœur de la violence ?
Comme toujours, chez Marie-Hélène Lafon, c’est décousu, du Cantal à fleur de peau, ce qui fait le noyau de son œuvre. Mais ce qu’elle décrit dans ces dédales d’écriture poétique, dense, clinique, c’est la dure réalité du métier de fermier et ses répercussions non seulement sur la famille nombreuse, mais aussi sur le corps. Thèmes encore d’actualité. Marie-Hélène Lafon aime faire prendre des chemins de traverse à ses lecteurs, semer le doute notamment dans les pronoms… Trois périodes, trois voix qui constituent les sources et leur utilité au fil des années. Dans l’ensemble, c’est pas si mal. C’est de l »exploration (Vincent Larnicol).