« De Cleveland au comté de Mayo, en Irlande, l’histoire inoubliable de trois soeurs confrontées chacune à son destin, ainsi qu’à un tragique passé familial… » Lorsqu’elles sont contactées par Irene Tierney, une lointaine parente, les soeurs Donaghue n’imaginent pas un instant quelles conséquences bouleversantes cette rencontre aura sur leur vie. En leur demandant de l’aider à découvrir la vérité sur la mort de son père, survenue des décennies plus tôt à Cleveland, Irene va en effet les plonger au coeur d’une vieille histoire d’amour maudit et de meurtre. Une histoire qui conduira les trois soeurs de l’autre côté de l’Atlantique, dans l’Irlande de leurs ancêtres, en quête de réponses sur leur famille et sur elles-mêmes… Emilie Richards poursuit en beauté la saga des soeurs Donaghue en reliant cette fois les jeunes Américaines de Cleveland à leurs racines irlandaises. Sous sa plume talentueuse naît au fil des pages un récit envoûtant, où s’entremêlent avec bonheur les passions, les secrets, les drames et les amours clandestines. Emilie Richards sait comme personne tisser des intrigues riches et foisonnantes, et susciter une émotion qui étreint le lecteur dès la première page. Promesse d’Irlande compte assurément parmi ceux de ses romans à ne surtout pas manquer. A propos de l’auteur Finesse de l’analyse psychologique et sociale, imbrication ingénieuse de plusieurs intrigues, générosité et humanité : Promesse d’Irlande rassemble toutes les caractéristiques propres à l’univers d’Emilie Richards, dont les romans ont été récompensés par de nombreuses distinctions aux Etats-Unis.
Dans une petite ruelle de Tokyo se trouve Funiculi Funicula, un petit établissement au sujet duquel circulent mille légendes. On raconte notamment qu’en y dégustant un délicieux café, on peut retourner dans le passé. Mais ce voyage comporte des règles : il ne changera pas le présent et dure tant que le café est encore chaud. Quatre femmes vont vivre cette singulière expérience. Ce délicat roman introspectif est aussi une belle réflexion sur le temps qui passe, et il s’en dégage une douce philosophie qui nous incite à vivre pleinement le présent.
Un bijou de la littérature française : Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d’entre eux. Reste à savoir s’ils vont revenir. Quand. Et dans quel état. Il faut le lire un point c’est tout !
« Lire Mr James », disait l’un de ses contemporains, « c’est faire l’expérience d’un plaisir spirituel léger et continu. C’est être intellectuellement émoustillé ». L’« éblouissante agilité mentale » de James transparaît dès Roderick Hudson (1875), qui relève déjà du « thème international ». Tout en se dégageant de « la grande ombre de Balzac », l’histoire tragique de la chute de Hudson, sculpteur américain emmené à Rome par un mécène devenu son ami, doit encore beaucoup au mode allégorique dont Hawthorne avait fait sa marque de fabrique. Les Européens (1878) plonge le lecteur dans une comédie humaine aiguisée par le tranchant de l’ironie : toujours sous le signe des échanges transatlantiques, deux Américains européanisés regagnent leur pays d’origine pour nouer des liens (intéressés) avec leurs cousins de Nouvelle-Angleterre. Les romans de James ne cessent de poser de manière complexe et ambiguë la question des rapports entre Europe et Amérique. Le thème international est au second plan dans Washington Square (1880) dont l’action se déroule majoritairement à New York, et qui offre déjà un portrait de femme paradoxal et poignant, celui d’une héroïne à l’avenir brisé par les atermoiements d’un chasseur de dot et la lucidité cruelle d’un père déterminé à l’en protéger. Mais l’exploration des parcours transatlantiques reprend avec Un portrait de femme (1881). Farouchement attachée à son indépendance, Isabel Archer quitte les Etats-Unis et fait son éducation sentimentale en Angleterre, puis en Italie. Salué à sa parution comme un chef-d’oeuvre, le livre déconcerta pourtant. Peu de critiques mesurèrent la complexité de ce « monument littéraire » érigé autour de la figure d’une « jeune fille affrontant sa destinée ». Chez James, les héroïnes éprises de liberté payent toujours leurs illusions au prix fort, celui du renoncement et de la douleur.
A Reykjavík, l’enquêtrice Hulda Hermansdóttir, la quarantaine, fuit sa famille dysfonctionnelle en se jetant à corps perdu dans le travail. Sa fille Dimma est en perpétuelle crise, et les relations avec son mari, John, se sont terriblement dégradées. A l’autre bout du pays, dans une ferme d’une vallée reculée de l’est de l’Islande, un couple est l’otage d’une terrible tempête de neige quand un homme vient frapper à leur porte et réclame l’asile pour la nuit. Son discours est décousu, son regard, indéchiffrable. Les rafales reprennent de plus belle, l’électricité est soudain coupée : le couple se retrouve coincé avec l’inconnu. Pour tous, à Reykjavík ou dans la vallée perdue, ces quelques jours avant Noël vont tout faire basculer. La famille de Hulda explose. Et dans la petite ferme, deux mois après les faits, on a retrouvé deux cadavres. Un double meurtre sur lequel Hulda va se jeter pour tenter d’oublier son chagrin et sa colère.
Nous sommes revenus sur ce roman corrosif : « Pour éprouver la soif, il faut être vivant. » Amélie Nothomb « On n’apprend des vérités si fortes qu’en ayant soif, qu’en éprouvant l’amour et en mourant : trois activités qui nécessitent un corps. » Avec sa plume inimitable, Amélie Nothomb donne voix et corps à Jésus Christ, quelques heures avant la crucifixion. Elle nous fait rencontrer un Christ ô combien humain et incarné, qui monte avec résignation au sommet du Golgotha. Aucun défi littéraire n’arrête l’imagination puissante et fulgurante d’Amélie Nothomb, qui livre ici un de ses textes les plus intimes. Un petit chef d’œuvre !
Tiksi, ville portuaire oubliée aux confins de la Sibérie, accessible par avion ou par bateau deux ou trois mois l’an. C’est là, à 700 kilomètres derrière le cercle polaire, qu’Anna rejoint une équipe de scientifiques qui s’apprête à hiverner sur la banquise à bord d’un voilier.
Mais dans cet extrême bout du monde, où la fonte des glaces fait resurgir des virus millénaires, où rôdent les ours et les loups, où s’affrontent chasseurs de mammouths et militaires corrompus, les avaries et la tempête retardent le périple. Prise au piège des éléments et de l’hostilité ambiante, l’expédition se fige. Et au cœur de ce huis-clos glaçant, la violence des hommes ne tarde pas à se déchaîner contre les femmes, renvoyant Anna à un drame intime qu’elle pensait apprivoiser en rejoignant cette terre lointaine. « De silence et de loup » est la longue errance d’Anna, sa confrontation avec son passé dans le décor spectral de la Russie arctique. Un roman très noir, brutal, entre grand roman d’aventures et récit absolument contemporain
Tsukiko croise par hasard, dans le café où elle va boire un verre tous les soirs après son travail, son ancien professeur de japonais. Et c’est insensiblement, presque à leur cœur défendant, qu’au fil des rencontres les liens se resserrent entre eux. La cueillette des champignons. Les poussins achetés au marché. La fête des fleurs. Les vingt-deux étoiles d’une nuit d’automne… Ces histoires sont tellement simples qu’il est difficile de dire pourquoi on ne peut les quitter. Peut-être est-ce l’air du bonheur qu’on y respire, celui des choses non pas ordinaires, mais si ténues qu’elles se volatilisent quand on essaie de les toucher. Ce livre agit comme un charme, il capte en plein vol la douceur de la vie avant qu’elle ne s’enfuie.
La dimension criminelle – nœud de l’intrigue – n’y est peut-être qu’une façon d’approcher le lien si étroit entre la vie et la mort. Une fable sur les imprévisibles conséquences de nos choix. Victime d’un plan diabolique, manipulé, il s’est perdu lui-même… Ricochant de femmes en femmes ; les sensuelles, les très belles, les toujours disponibles, sans que jamais il y trouve matière à s’arrêter… (extraits de l’analyse de Yveline Bodin) un récit à l’écriture fine aux styles recherchés (rentrer dans la peau du héros). Du beau ! du très beau !
« Le lecteur a compris que je déteste mon enfance et tout ce qui en survit. »
Loin de l’autobiographie conventionnelle qui avec nostalgie ferait l’éloge des belles années perdues, il s’agit ici pour Sartre d’enterrer son enfance au son d’un requiem acerbe et grinçant. Au-delà de ce regard aigu et distant qu’il porte sur ses souvenirs et qui constitue la trame de l’ouvrage et non pas son propos, l’auteur s’en prend à l’écrivain qui germe en lui. Pêle-mêle, il rabroue et piétine les illusions d’une vocation littéraire, le mythe de l’écrivain, la sacralisation de la littérature dans un procès dont il est à la fois juge et partie. Ainsi, « l’écrivain engagé » dénonce ce risible sacerdoce, cette religion absurde héritée d’un autre siècle. Du crépuscule à l’aube, un travailleur en chambre avait lutté pour écrire une page immortelle qui nous valait ce sursis d’un jour. Je prendrais la relève : moi aussi, je retiendrais l’espèce au bord du gouffre par mon offrande mystique, par mon œuvre. On ne peut s’empêcher de sourire devant tant d’ironie, et l’on sent l’auteur s’y amuse aussi lorsque, avec cette langue parfaite et cette brillante érudition, il joue les pasticheurs.
Une histoire vraie dans le monde du 7ème art : « En 1999 débutait le casting pour trouver le jeune garçon qui allait interpréter Harry Potter et qui, par la même occasion, deviendrait mondialement célèbre. Des centaines d’acteurs furent auditionnés. Finalement, il n’en resta plus que deux. Ce roman raconte l’histoire de celui qui n’a pas été choisi. » Nous avions déjà évoqué ce récit il y a quelques années et de nouveau il apporte un éclairage certain sur le monde des arts en général et de ce que fait la célébrité de ses individus qui lui appartiennent.
Au milieu des années 1970, Chantal Thomas, qui vient juste de soutenir sa thèse, décide de partir. Loin. À New York, alors cité de tous les dangers. Elle s’installe chez une amie d’amie. Le désir circule, les fêtes s’enchaînent. Un puissant souffle d’aventure anime la ville. Aujourd’hui, amenée à séjourner dans l’East Village pour un été, elle retrouve un quartier totalement changé. Seules quelques traces demeurent de la marginalité d’autrefois, des graffitis sur les rares immeubles non encore » réhabilités » et dont Allen S. Weiss, partenaire de ce livre, va extraire des images photographiques qui rappellent un temps révolu. Car l’East Village était un lieu d’immigration et de bohème pauvre, inventive, où tout le monde se rêvait poète, où se rencontraient Allen Ginsberg, William Burroughs, Herbert Huncke, et les fantômes bien vivants d’Andy Warhol, de Lou Reed et du Velvet Underground. Au fil des pages, sur un mode à la fois précis et romanesque, Chantal Thomas évoque St. Mark’s Church, le Chelsea Hotel, les bars, les rues, les peurs, les amours, dans un flottement des genres qu’elle restitue à plaisir, comme portée par la grâce d’une mémoire à même de revivre et faire revivre l’intensité d’une époque ouverte à tout. Par les temps qui courent, ce livre est une merveilleuse évasion, et le rappel d’une chose : la liberté est possible, elle est même un excellent principe de vie… Une très belle écriture savoureuse et l’autrice nous embarque bien dans son monde.
Nos compagnes et compagnons du jour étaient par ordre des résumés :
« Promesse d’Irlande » par Emilie RICHARDS
« Tant que le café est encore chaud » de Toshikazu KAWAGUCHI
« 14 » de Jean ECHENOZ
« Un portrait de femme et autres romans » de Henry JAMES
« La dernière tempête » de Ragnan JONASSON
« Soif » de Amélie NOTHOMB
« Les années douces » Hiromi KAWAKAMI
« De silence et de loup » de Patrice GAIN
« Et mon ombre se déshabille » de Robert BLONDEL
« Les mots » de Jean-Paul SARTRE
« Numéro deux » de David FOENKINOS
« East Village Blues » de Chantal THOMAS
Notre prochain rendez-vous aura lieu jeudi 6 avril 2023 à 15 h – salle du conseil de l’ancienne mairie –